dimanche 17 août 2008

*** (musique: Rammstein)

"Idiot, idiot, idiot", répéta-t-il en pleurnichant et en se tapant sur le crâne. "Idiot", lui disait sa mère en lui caressant les cheveux lorsqu'il faisait une nouvelle bêtise. Mais elle était partie, il n'y avait plus de tendresse. Grusso était furieux contre lui-même, il avait perdu tout sang froid. Ses sanglots résonnaient dans la maison silencieuse. La porte de l'armoire grinça, Grusso se tut. Il observa par terre les tenues de sa mère, l'imaginant tour à tour derrière ses fourneaux, dans son tablier à fleurs, puis à l'église avec son feutre noir piqué d'une rose artificielle.
Ses yeux s'arrêtèrent sur une culotte en dentelles, il esquissa un sourire gêné en l'attrapant du bout des phalanges. Il ne put résister çà l'envie de la faire tourner entre ses mains. Il la reposa délicatement, en se demandant quel homme avait pu l'offrir à sa mère. Il n'avait jamais posé de questions, deviner quel type de femme elle avait été ne lui avait alors pas traversé l'esprit. Grusso respirait plus lentement, il commençait à se calmer. Il roula les vêtements en boule et les jeta sur les étagères. Il se massa douloureusement le front, un bleu s'y formait déjà.

"Reprenons méthodiquement", dit-il à voix haute pour tromper sa solitude.
"Qu'est ce qu'il a dit l'autre déjà?"
"La lettre est le début du chemin, le reste est derrière la porte", aboya une voix qui semblait venir de l'extérieur.
Grusso ne fut pas surpris et poursuivit son monoloque intérieur.
"Retourne-toi!"
"Ah non, le notaire n'a pas dit ça, je m'en serait souvenu!"
"Retourne-toi", répéta une voix féminine sur un ton qui ne lui laissait plus le choix.
"Oui, ça va, je me retourne", obtempéra-t-il.

Il n'y avait dans son champ de vision qu'un bureau, installé là depuis des années. Peut-être même était-il plus vieux que lui. Ne lui trouvant aucun intérêt, Grusso reporta son attention sur l'armoire et cette lettre, ses seuls indices pour dénicher une piste. Et si c'était juste un délire de sa mère, si elle avait inventé le secret de toutes pièces, un ultime salut avant sa sortie de scène? Il était de son ressort de jouer les mauvais tours. Chaque mauvaise blague contient une chute. "Leçon numéro un d'un numéro de clown", se remémora-t-il. "Si maman n'est pas là pour le dénouement, pas de chute donc pas de blague. Je dois chercher encore."
Il sortit de la chambre et s'aperçut qu'il mourait de faim. Grusso descendit à la cuisine et attrapa au hasard une boîte de conserve poussiéreuse. "Ravioli au boeuf, produit bio, sans colorant ni sucres ajoutés" lut-il. "Bonne pioche" Il ne savait réfléchir sereinement qu'en mangeant. Mastiquer lui ouvrait l'esprit.

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