vendredi 10 octobre 2008

Derrière l'armoire

musique: Aaron Neville

Grusso se jeta finalement sur sa lampe de poche et descendit à la cave. "Clairette Jaillance", indiquait une étiquette, parmi l'alignement de bouteilles. Il se mit sur la pointe des pieds pour atteindre le rayonnage du haut et en tira une clairette grise de poussière.
Il en fit sauter le bouchon qui frappa le plafond dans un POP! retentissant. "A la vérité intraitable", annonça-t-il solenellement en avalant la mousse. Après une longue inspiration, il retira le second fond et plongea sa main dans le troisième. Sa main balança dans le vide, sans rien toucher. En tatonnant, son bras cogra contre un barreau de fer glacé. Il passa sa tête dans le trou, mais ne vit rien d'autre que la nuit noire. Allumant sa torche, il découvrit alors un étrange spectacle. Le sol était à deux mètres sous lui. Il était couvert de magnifiques tapis brodés, dont les couleurs sautaient aux yeux, les faisaient entrer dans une sphère irréelle. La pièce puait le renfermé et avait été laissée à l'abandon. Les objets y trainaient toujours, comme si elle pouvait être rouverte à tout moment. Un lit à baldaquin trônait au centre de la chambre. Les draps étaient encore tirés et des édredons roses attendaient le dormeur.
Grusso descendit l'échelle en métal. Ses pieds nus furent brûlés par la fraicheur des barreaux. L'odeur devint vite insupportable, il chercha une aération. Un panneau de bois s'ouvrait directement sur la cour. Une commodé sculptée dans du cèdre ornait le coin gauche de l'alcôve. Grusso en fouilla les tiroirs, uns à uns. La plupart étaient vides, le dernier lui offrit un cahier beige aux coins cornés, protégés par un papier kraft. Il le prit délicatement. C'était son trésor, il était le gardien du secret.
Dans la pièce régnait une atmosphère divine, rapellant l'ambiance des temples. Envahi par l'odeur, transporté par le lieu, Grusso vacilla sur le matelas.

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